Ce soir j'ai décidé de consacrer un nouvel article aux WEIRDO. Autrement dit les mecs bizarres sur lesquels on peut tomber via les sites de rencontre.
Ce soir je vais vous parler de Jacques ( en réalité, Jacques a un prénom tout aussi pourri qui sonne bien vieux franchouillard mais j'ai préféré le modifier quand même).
à première vu, Jacques était de ces hommes parfaits qui nous font toutes rêver. Sur ces photos on peut voir que Jacques est un jeune homme brun, aux yeux d'un bleu profond, à la moue enfantine, la petite bouche aux lèvres légèrement épaisses qui lui donnent un air de Caliméro attendrissant.
Il est imberbe sous sa chemise de bûcheron. C'est un poussin adorable. A première vu Jacques inspire la même chose que ça:
En plus de ça, Jacques est un écrivain subtil. Il a la plume féminine, dans le sens où il sait quoi écrire pour que ça fasse tilt.
Il confesse aimer prendre soin de lui, dépenser une grosse partie de son budget dans des produits de soins, et mettre des bougies lorsqu'il prend un bain. Mais ça reste ce côté métrosexuel pas flippant. Au contraire, cela fait une particularité supplémentaire qui le rend si unique
Jacques vend du rêve, vous rend insolemment particulière, unique et magnifique. En parlant avec Jacques, vous vous sentez être le premier rôle d'une chimère.
Mais ce n'est pas tout.
Après vous avoir fait comprendre qu'il rédige des poèmes pour un site féminin, qu'il est cultivé comme pas possible, qu'il aime l'art, a une notion du beau bien défini, et que, cerise sur le gâteau, il a beaucoup d'argent; Jacques sait courtiser à l'ancienne.
J'ai donc reçu dans ma boîte aux lettres plusieurs poèmes enflamés tapés à la machine à écrire, les enveloppes refermées par un cachet de cire, immaculées d'un parfum délicieux au point que je me suis vu dormir avec.
Toutes, contenant une part de mystère incroyablement excitant.
Inutile de vous dire que Jacques m'avait conquise, je voulais vivre quelque chose de particulier avec lui.
Que ce soit pour une nuit, pour un week end, pour un mois; je voulais que ce soit sur réel.
La rencontre:
Partageant un amour naissant une attirance bien entamée, il était évident pour deux parisiens comme nous de se retrouver à Montmartre.
Enfin, il y avait pensé avant moi. Et ce que j'avais oublié à Montmartre, c'était ça:
Bref! C'est avec horrible souffrance de la torture de la mort, en larmes difficulté, qu'apprêtée sur mes nouveaux escarpins, j'arrive finalement devant le sacré coeur, l'oeil vif, à la recherche de Jacques qui devrait être déjà là. (Je suis toujours en retard).
C'est alors que j'aperçois un jeune homme avec une guitare, il est beau comme un Dieu mythologique dans mes rêves, j'ai un petit doute car il ne m'avait pas parlé de guitare, mais il a cette bouche de poussin adorable. Aux vues de celui que j'ai en face de moi, Jacques ressemble à ceci:
Je me dirige doucement vers le jeune homme en question, mais plus j'approche, plus je sens qu'il n'attend personne en tout cas pas moi, et qu'il ne ressemble pas vraiment aux photos que j'avais pu voir sur son profil. Ce n'est pas lui. DOMMAGE.
Je continue donc ma recherche, je me dis qu'il m'aperçoit peut être, c'est presque angoissant.
Je regarde mon téléphone qui vient de me signaler la réception d'un message. Il est sur les premières marches.
Mon regard se jette sur les pieds du sacré coeur et balaye toutes les personnes qui s'y trouvent comme un laser de Robocop.
Je fini par apercevoir un jeune homme assis sur le côté gauche des marches. C'est la douche froide.
En réalité, Jacques ressemble à ceci:
Jacques est rond, Jaques est frisé. C'est simple, tout ce que je reconnais, ce sont ses yeux. Et le pire c'est qu'il fait preuve d'un ego sur dimensionné à toute épreuve.
Je lui avoue ne pas le reconnaître, que je l'ai confondu avec un putain de beau gosse que j'irais bien rejoindre en courant un autre jeune homme qui avait une guitare. Il me demande alors si j'aurais préféré que ce soit lui. Je laisse un petit temps de silence et lui mens réponds que "bah non!". Il sourit et répond avec assurance qu'il n'avait aucun doute à ce sujet de toute façon.
Je tente de me remettre de cette déception de l'extrème la surprise de cette image qui ne correspondait pas du tout à celle que je m'étais faite; dire que j'ai fait des rêves érotiques avec lui; je me sens violée, je veux mourir vraiment à celle que je m'étais faite, me disant qu'après tout c'est surtout le reste qui m'avait séduite.
Nous partons prendre un verre, juste à côté du sacré coeur, la discussion commence mais je ne suis pas à l'aise.
Jacques me dévore des yeux et ne parle pas beaucoup. C'est une espèce de béatitude non partagée qui rend l'instant particulièrement gênant.
Pour ma part je déblatère tout ce qui est possible et imaginable. J'aurais pu parler des pellicules de mon oncle si il le fallait. A cet instant, le temps est excessivement long.
Puis, au fur et à mesure des litres verres de vin avalés, je finis par le trouver plutôt sympathique. C'est là que Jacques décide de sortir sa carte Joker: un cadeau.
Surprise, je ne tarde pas à me jeter sur le paquet pour enfin en découvrir le contenu.
Jacques sait à quel point j'affectionne la photographie, il m'offre le dernier modèle polaroïd et une pellicule vierge pour que je puisse faire mumuse tout de suite avec. Je suis incroyablement surprise, mais aussi gênée. Je lui répète à quel point il est fou, et nous nous dirigeons vers un resto chicos, toujours dans le même quartier.
Malgré son apparence détestable tout, Jacques sait vendre du rêve. Il m'invite dans un petit restaurant très classe et choisit le meilleur vin. Je commence à être ivre, et tout ce bling bling dont je n'ai pas l'habitude me rend particulièrement euphorique.
A la fin du repas, ne me demandez pas pourquoi, nous finissons par nous embrasser avec fougue dans une ruelle pavée sombre. J'aurais pu faire l'amour ici, et avec n'importe qui. L'alcool me rend vraiment complètement nymphomane.
Nous sommes donc dans cette rue pavée, à échanger nos salives et avoir les pulsations sanguines qui nous cognent dans les oreilles. La suite logique fut de sauter dans un taxi pour se retrouver chez lui.
Arrivée à destination, Jacques me demande d'être discrète.
En fait Jacques ne vit pas tout seul, il vit encore chez son père.
L'idée que nos ébats soit entendues par une oreilles paternelle ne me ravit pas vraiment.
C'est donc dans une retenue incroyable de souffles légers entrecoupés que nous entamons nos ébats.
Problèmes n°1: Jacques n'est pas aussi bon écrivain que partenaire sexuel qu'amant, il s'y prend très mal et sa maladresse laisse planer le doute quant à son cursus d'expériences vécues.
Problème n°2: Le summum. Je ne sais pas si c'est l'alcool ou l'excitation, ou les deux; mais Jacques prend tout à coup un visage nouveau. Il est incroyablement effrayant, son regard est fixe, ses yeux écarquillés, sa bouche alerte. Il se met à énumérer en détails chaque partie de mon corps et à les mordre, il me fait plutôt mal. J'ai l'impression qu'il entre en transe. Il me répète combien il aime tel ou tel morceau de peau. Je me demande même s'il ne va pas finir par me découper en morceaux pour ensuite mieux me contempler, genre , en parties, dans un bocal.
Problème n°3: Jacques est en fait tendancieux. Le poète Quasimodo s'est transformé en pervers flippant de type silence des agneaux. C'est un adepte de la douche dorée qui se prête à cette pratique sans m'en avoir touché un mot au préalable.
Écoeurée; je bondis du lit, cours dans ses toilettes, et vomis.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée dans ses toilettes, j'aurais voulu que cette petite pièce puisse se détacher comme dans les zinzins de l'espace et m'amener super loin. Je ne pouvais même pas fuir en catimini, j'étais nue, en banlieue excentrée, il était 3h du matin, et j'n'avais pas un sou pour prendre un taxi.. Tu parles d'une soirée. Le bon vin, plus jamais, EVER.
Après un passage salle de bain- douche, je trouve le courage de retourner dans l'antre de la mort la chambre. Durant les environs 45min où je suis restée enfermée dans ses chiottes, Jacques à eu le temps de faire un lit propre et de s'endormir dans un coin de celui ci.
J'en profite pour chercher mes fringues et les installer de façon stratégique afin de pouvoir m'enfuir à 5h et demi pétante et prendre le premier métro.
Après ça je m'installe à l'opposé de Jacques, je crois n'avoir jamais autant été au bord d'un lit si grand. Et j'attends.
Jacques, dans son sommeil profond, trouve encore moyen de m'importuner. Il se rapproche, m'attrappe la taille et me ramène contre lui, comme un doudou. A cet instant je pense à ce dessin animé qui me faisait tant rire avant:
LA DELIVRANCE:
Après une attente horrible, torturante, effroyable, de la mort assez longue, mon téléphone affiche enfin un horaire qui me permets de commencer à m'habiller dans une terreur du réveil de la bête si proche un calme feutré. Je récupère mon sac à la volée et m'enfuis dans la brume humide d'une aube grise parisienne hivernale.
Je fume les trois cigarettes survivantes restantes de la veille, dans une angoisse parano bizarre du style "Et si il se réveillait? et jugeait utile de venir me dire au revoir?"; j'en ai les poils qui s'hérissent !
Tout ceci avant que les grilles du métro s'ouvrent enfin et que je puisse me rapprocher un peu plus de mon chez moi tant désiré.
Une fois en route, je m'asseois sur un strapontin, tente de ne pas réfléchir à tout ça, tout en ne pouvant m'empêcher de revoir la soirée de la veille par flashs et de me dire "MAIS POURQUOI?!". ( Un peu comme Hoang oui, si tu veux un aperçu de mes références subtiles ( t'es pas obligé, vraiment. ) >> @ environ 1min , ça me fait toujours rire.)
Puis je pense à mon présent. J'ai tout de même gagné un appareil photo dans mon malheur l'histoire.
J'ouvre mon sac à la recherche du-dit objet. La pellicule est la première à pointer le bout de son nez. Puis, un paquet de mouchoirs, mes clés, des cachets pour divers maux imaginaires, des tickets de métro, des tickets de caisse, un bonbon périmé, un eye liner, des bouchons d'oreilles.. DAMN. L'appareil n'est pas là.
Je ne me contrôle pas et lâche un "PUTAIN LA CONNE!!!" qui viendra perturber la fin de sommeil de ces pauvres gens qui se rendent au travail si tôt. Une partie de la fin de la rame me dévisage du style "Conasse, tu m'as fait peur! Qu'est ce qui t'arrives! Merci pour la crise cardiaque gratuite!" avec consternation, et moi je veux mourir bous.
Je finis par arriver chez moi, reprends une douche, et rejoins mon lit tant mérité. Une mélodie céleste gagne alors mon conduit auditif:
>>
Quelques jours plus tard, nous nous reverrons. Alors pourquoi?! (oui, moi aussi je m'étonne).
J'avais oublié un foulard auquel je tenais chez lui, et je comptais bien (oui c'est c'est moche), récupérer aussi mon dû, à savoir l'appareil photo.
Prudente, tout de même, je lui propose de me rejoindre DANS UN LIEU PUBLIC, EN PLEIN APRES MIDI, en l'occurence à l'occasion d'un vernissage dans le 1er arrondissement.
Évidemment je suis en retard il est à l'avance, et je ne tarde pas à recevoir de ses nouvelles tandis que je me nourris de mes ongles dans le métro. "Il y a plein d'enquêteurs avec leurs sondages à l'affut, dépêche que je t'embrasse pour les éviter". Oui parce que, pour Jacques, il ne s'est rien passé d'anormal quelques jours auparavant.
J'ai mal au coeur.
Je finis par le rejoindre dans la grande rue de Rivoli blindée de monde, et il m'acceuille en tentant de fourrer sa langue au fond de ma gorge; mais je l'arrête poliment feintant une gêne dû au monde qui nous entoure.
Il se moque doucement et je ne comprends pas tout de suite. "Regarde, c'est mignon, on est assortis!".
En effet, il porte une chemise de bûcheron un peu serrée tandis que j'ai la même en mode chemise de papa trop grande. C'est incroyablement ridicule.
Nous nous rendons au vernissage, j'oublis peu à peu sa présence, obnubilée par les oeuvres qui tapissent les murs d'un endroit atypique de Paris. C'était évidemment sans compter sur l'imagination débordante de Jacques.
Tandis que nous montons un escalier pour rejoindre la suite de l'exposition, il gueule murmure avec un manque de discrétion certaine, combien il me désire et devine mes formes à travers mes vêtements.
Je fais abstraction et tente de savoir par divers stratagèmes où se trouve l'appareil photo de la dernière fois, étant donné qu'il n'a rien sur lui prêtant à croire que l'appareil en question pouvait se trouver dedans. Il ne l'a pas. Oublié. Enfoiré.
Je décide de sortir de l'exposition pour fumer la totalité de mon paquet de cigarettes prendre l'air. Je suis perdue dans mes pensées face à une vitrine de grande boutique de cette rue du temple du shopping. C'est là que Jacques m'interrompt dans mon évasion temporaire. "Qu'est ce que tu regardes comme ça?"
Ne sachant pas moi même, je balaye du regard la vitrine, avant d'indiquer avec mon index une grosse écharpe assez jolie, sur un mannequin de cette boutique de luxe.
Il m'atrappe la main, me tire dans la boutique, si vite que j'ai à peine le temps de jeter ma cigarette et rejette la fumée presque à l'intérieur.
Jacques trouve facilement l'écharpe en question et me la passe autour du cou.
"Regarde toi, elle te va bien!". Je jette un coup d'oeil sur l'étiquette, avale ma salive de travers, tousse un bon coup, et repose le précieux accessoire que je ne pourrais jamais posséder.
"Regarde il y a des gants qui vont avec! Tu les veux?" , Jacques se jette sur les articles et se dirige d'un pas décidé vers la caisse.
A ce moment là j'aurais pu être une grosse pute profiter de la situation; après tout je ne reverrais jamais l'appareil photo, et il y'en avait là pour plus que mon salaire entier. Mais je n'ai pas pu. C'était vraiment accepter de se faire payer pour du sexe, et l'idée ne me plaisait vraiment pas.
Je rejoins Jacques, lui attrape la main et les articles qu'ils comptait m'offrir, repose les accessoires en question *laaaaaaaaaaaaaaaarmes*, et nous sortons de la boutique.
Il m'invite à aller prendre un verre. J'accepte l'idée, bien décidée à lui parler pour de bon et à ne plus jamais le revoir.
Cette fois-ci je prends un lait-fraise hein.
Jacques continue alors son délire de Cendrillon. M'annonçant qu'il aimerait m'habiller comme si j'étais sa petite poupée, qu'il voudrait m'offrir une robe Cacharel avant de m'emmener à l'Opéra Garnier un soir.
Agacée, je l'interrompts et lui fait comprendre que rien de tout cela ne se produirait car la probabilité de se revoir est égale à celle des possibilités de fécondation suite à accouplement entre un phoque et un poulpe je n'envisageais pas de le revoir. Un silence s'installe quelques secondes, et il passa à autre chose, comme si de rien n'était, ou comme s'il s'en tamponnait le coquillart. C'était particulièrement..bizarre!
Nous finissons par prendre le même chemin vers le métro, et le même métro (fuck !) pour quelques stations.
Jacques se sépare alors de mon foulard qu'il portait depuis le début, et que je n'avais pas remarqué, tellement j'évitais son regard durant notre entrevue.
Il me le passe autour du cou et me révèle, ravit, "J'ai mis mon parfum dessus, comme ça, tu m'auras un peu avec toi.". Je lâche un faible rire nerveux mal interprété. (Puisqu'en fait je me dis "haha ! génial! J'ai encore plus envie de mourir maintenant!!')
Nous arrivons enfin à la station où il doit descendre, je sens que la libération est proche. Je viens alors lui faire la bise poliment en guise d'adieu; mais il m'attrape par la taille, me ramène à lui, et me vole un baiser sur ses lèvres que je ne trouve plus du tout de poussin, sous le regard attendri des passagers de la rame.
Une fois descendu et que le métro repart, je tire sur la manche de mon manteau et m'essuie avec insistance la bouche avec dégoût; le tout sous le regard ébahi et étonné des mêmes passagers qui s'attendrissaient sur mon viol de bouche baiser paraissant fougueux quelques minutes plus tôt.
Mon foulard pue sent vraiment très fort le parfum de Jacques. Ce même parfum que j'adulais sur des enveloppes quelques semaines auparavant m'était aujourd'hui insupportable. J'avais l'impression qu'il était partout.
PIRE SENSATION EVER.
Bref, je fini par rentrer chez moi, me jeta à nouveau sous la douche, plusieurs fois de suite. Et je peux vous dire que mon foulard eu le droit au même traitement de désintoxication..!
Pour conclure, je dirais qu'il vaut mieux se méfier des poètes. Un homme-objet qui semble trop bien connaître les femmes peut cacher quelqu'un de vachement dégueulasse étrange.